Bryggen, patrimoine mondial de l'humanité

Publié le par carlotta-in-norway

Les mois passent et la date de ma soutenance de mémoire se rapproche petit-à-petit. Pour me motiver à rédiger la bonne centaine de pages que je dois présenter d'ici juin, je vous propose un bref aperçu de mon sujet de recherche : Bryggen, classé en 1978 au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en tant que bien culturel.

 

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La Norvège compte sept sites classés sur la liste du patrimoine mondial. Six biens sont classés pour leur valeur culturelle, il s'agit de :

- "Bryggen" dans la ville de Bergen (1978),

- la "Stavekirke" d'Urnes (1979),

- la ville minière de Røros (1980),

- l'art rupestre d'Alta (1985),

- des îles Vagaøan dans l'Archipel de Vega (2004),

- de l'arc géodésique de Struve (2005).

 

A cela s'ajoute un bien naturel classé en 2005 : les fjords de l'ouest de la Norvège et plus précisément le Geirangerfjord et le Nærøyfjord.

 

 

Je me contenterais de vous présenter Bryggen non seulement car c'est le seul site classé de Norvège que j'ai visité mais aussi parce que je commence à bien connaître son histoire ! Une histoire profondement norvegienne mais aussi tres europeenne et cela bien avant l'Europe sous sa forme actuelle. 

 

 

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Bryggen qui veut dire "quai" en norvégien est situé dans la baie de Vågen à Bergen. Intimement lié aux Allemands à cause de la présence d'un bureau hanséatique, Bryggen fut aussi connu sous le nom de "Tyskebryggen" qui signifie le "Quai allemand". 
Dans le courant du XXème siècle, le choix définitif du nom de ce célèbre quai de Bergen suscita un vif débat entre pro-Tyskebryggen et contre mais c'est finalement le nom de Bryggen qui restera. 

Un comptoir commercial sous le contrôle de la Hanse

 

Dès le début du XIIème siècle et grâce au poisson en provenance des Iles Lofoten ( au nord de la Norvège),  Bryggen devient un lieu d'échange commercial renommé où s'opérent de nombreuses transactions provenant de toute l'Europe : Angleterre, Allemagne, Flandres et France majoritairement.

 

 

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Il faut dire que Bergen était à l'époque la plus grande ville de Scandinavie. Elle dépassait même la ville de Londres à l'époque médiévale.

Siège du pouvoir royal et religieux, Bergen détenait une certaine notoriété et pour conserver son monopole, elle interdit le commerce plus au nord à tous les marchands étrangers.

 

Dès le XI-XIIème siècle, les échanges avec les Iles Britanniques sont importants mais ce sont les Allemands qui s'investissent davantage dans le commerce entre Bergen et la mer Baltique. A l'origine, les marchands sont présents uniquement pendant la saison estivale mais à partir de 1259, les Allemands décident de rester å Bergen l'hiver afin d'être les premiers à reprendre les activités commerciales en bateau dès les premiers jours de printemps.

 

Les marchands allemands ont les mêmes devoirs que les Norvégiens, Ils doivent payer des impôts à l'Eglise ce qui leur plaît guère, ainsi, durant la seconde moitié du XIIIème siècle, les relations entre Norvégiens et Allemands sont tendues.

Une première solution est trouvée en 1276 sous le règne du roi Magnus Haakonson qui décide de mettre en vigueur une sorte de code municipal pour que les privilèges envers certains groupes de personnes soient clairs. Il est évidemment question de préserver les intérêts norvégiens tout en continuant à développer le commerce.

C'est finalement en 1294 sous le règne du roi Eirik Magnusson que les discordes prennent fin. Le roi accorde des privilèges à la majorité des villes membres de la Hanse et des traités de paix sont signés.

 

Profitant de l'affaiblissement de Bergen pendant la Peste Noire de 1349, les marchands allemands décident de s'implanter à Bergen en 1360. Ils ouvrent un bureau de la Hanse dont le siège se trouve dans la ville allemande de Lübeck.

 

Les siècles passent et en 1559, les Allemands, toujours présents à Bergen, sont forcés de prendre la nationalité norvégienne. Cette mesure est une manière d'endiguer le phénomène de contrôle allemand qui se développait à Bergen. 

 

Cependant, les tensions présentes au XIIIème siècle reprennent le dessus aux XVI-XVII ème siècle et  en 1754, le bureau allemand de la Hanse est fermé et remplacé par le bureau norvégien qui verra le jour jusqu'en 1899. 


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Bryggen ravage par de multiples incendies 

 

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Tout au long de son histoire Bryggen, dont la totalité 

des constructions est en bois, fut largement touché par le feu. 

 

Le premier incendie recensé remonte à 1170, il est suivi d'un incendie en 1198 puis en 1248. 


Apres une brève accalmie au cours du XIVème siecle, de

nouveaux incendies frappent Bryggen en 1413 et 1476 mais c'est en 1702 que l'incendie le plus sévère se déclare comme le montre la carte ci-contre (la partie en rouge représente l'étendue de l'incendie).

 

 

Le dernier incendie remonte à 1955. Toute la partie nord de Bryggen part en fumée, Cet évènement pose la question : que faire ? Reconstruire à l'identique ? Construire un complex moderne (station de bus, hôtel de luxe, appartements) ?

 

 

 

 

 

Un tournant majeur, le XX eme siecle, entre modernisation et conservation


En 1905, la Norvège, sous la domination suédoise depuis 1814, devient enfin indépendante. Elle cherche à construire une nation solide et cela passe bien sûr par l'histoire et l'identité. Ainsi, un lieu comme Bryggen, témoin de près de 1000 ans d'histoire norvégienne a une importance considérable aux yeux de l'Etat norvégien. 

En 1927, Bryggen est protegé par la loi. 

 

Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale touche Bryggen sévèrement puisque en 1944 un bateau allemand chargé d'explosifs endommage encore une fois ce vieux quai désormais protégé. Dès cette période, l'élan patrimonial se développe car Bryggen est menacé. 

 

Pourtant, à l'image de la lutte des Anciens et des Modernes, l'incendie de 1955 fait naître deux camps :

- les amoureux du vieux Bryggen qui souhaitent le préserver, 

- les personnes qui veulent s'en débarrasser car après les blessures de la Seconde Guerre mondiale ce lieu rappelle une trop forte présence allemande.

 

Près d'être démoli, la loi de 1927 sauve Bryggen. On ne peut détruire un lieu classé sans faire au préalable des fouilles archéologiques. 

Ces fouilles menées de 1955 à 1969 par Asbjør Herteig (1919-2006) sauvent Bryggen. La population découvre la richesse exceptionnelle des fouilles qui mettent en lumière une multitude d'objets témoigant de la richesse du passé de Bryggen. 

 

Ainsi, s'en suit un fort élan patrimonial.

Le musée de Bryggen, construit en 1976 sur le site des fouilles, présente plusieurs expositions sur Bryggen. 

En 1979, Bryggen est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO comme seul témoin d'un riche passé commercial au sein de la Hanse ayant toujours conservé ses traditions architecturales malgré les blessures du temps,

Enfin en 1982, l'avant des bâtiments détruits par l'incendie de 1955, est reconstruit, 

 

 

 

Bryggen renaît, Bryggen triomphe après un XXème siècle mouvementé !

En ce début de XXIème siècle, Bryggen est plus que jamais l'objet des préoccupations patrimoniales. La question de la préservation de ce site exceptionnel est essentielle car il n'est pas toujours pas à l'abri des menaces extérieures : l'eau étant le principal danger pour Bryggen aujourd'hui. 

 

 

 

 

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D
Très intéressant, merci beaucoup !
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